Hypothèse catastrophique

Un enrichissement notable en iridium, métal normalement très rare sur la croûte terrestre, signalé en 1980 par une équipe de chercheurs américains dans une mince couche d’argile marquant la limite du crétacé/tertiaire, en Italie, et depuis retrouvé dans de nombreux sites dans le monde entier. Les découvreurs de cette anomalie géochimique (W. et L. Alvarez et leurs collaborateurs) l’interprètent comme la conséquence d’une catastrophe d’origine extra-terrestre, à savoir la collision d’un astéroïde riche en iridium, d’un diamètre de 10kms, avec la terre.

L’énergie dégagée par l’impact aurait projetée dans l’atmosphère une énorme quantité de poussières riches en iridium. Avant de retomber sur la surface du globe pour y former la couche argileuse de la limite du crétacé/tertiaire, cette poussière aurait obscurci l’atmosphère pendant des mois, empêchant la lumière du soleil de parvenir à la surface de la terre et arrêtant ainsi la photosynthèse. Le dépérissement consécutif de la végétation aurait été le point de départ d’une catastrophe écologique globale, aggravée par des changements températures brutaux.

Toutefois la nature exacte de cet événement inhabituel a fait l’objet d’un débat, « Pourrait-il avoir une origine interne au globe terrestre, plutôt qu’extra-terrestre ?». A l’origine de la discussion se place la découverte de quantités notables d’iridium dans les produits amenés à la surface de la terre par des volcans. Ces volcans correspondent à des « points chauds » ou les panaches amènent en surface des matériaux en fusion apparemment riches en iridium.

Suivant une hypothèse développée par le géophysicien français Vincent Courtillot, les événements de la fin du crétacé seraient dus à un paroxysme d’activité volcanique de type « point chaud », dont la trace tangible, se trouve dans les Trapps du Décan, en Inde. Il s’agit là d’un énorme empilement de coulées basaltiques, de plusieurs milliers de mètres d’épaisseur, s’étendant sur des centaines de milliers de kilomètres carrés. Les Trapps du Décan se sont mis en place en un temps relativement court à l’échelle géologique, sur 0.5MA, et que cette période d’intense activité volcanique chevauche la limite crétacé/tertiaire. Les poussières et les gaz volcaniques émis par les éruptions du Décan auraient eu sur l’environnement global des conséquences désastreuses, conduisant à la rupture de diverses chaines alimentaires et aux extinctions constatées.

Mais le volcanisme basaltique du Décan n’est pas du type explosif et ne peut expliquer la répartition de l’iridium sur la surface du globe. D’autre part, certains indices géochimiques ne paraissent explicables que par un événement d’origine extra-terrestre. Il s’agit des magnétites nickélifères signalées dans plusieurs sites à la limite crétacé/tertiaire par les chercheurs français Eric Robin et Robert Rocchia. Ces magnétites sont des indices spécifiques de la matière météorique chauffée et oxydée dans l’atmosphère.

La découverte dans le Yutacan (Mexique) d’une structure géologique de grandes dimensions qui pourrait correspondre au cratère d’impact conforterait aussi l’hypothèse extra-terrestre.